Aujourd’hui, les ventes de cosmétiques bio et naturels représentent 6.4% du marché. Demain, leur poids dans l’univers des cosmétique augmentera à 8.5% en 2023. En effet, on estime que les ventes vont bondir de 12% par an. Il faut donc renouveler l’offre produit afin de maintenir ce dynamisme en proposant constamment de nouvelles innovations. Mais la formulation d’un produit cosmétique naturel n’est pas sans contraintes et requiert de relever quelques challenges. En effet, les consommateurs de produits cosmétiques naturels attendent d’eux qu’ils s’alignent sur les produits conventionnels aussi bien en terme d’efficacité que de sensorialité.
Le choix des ingrédients pour formuler un produit cosmétique naturel
La formulation est l’art d’associer des matières entre elles, afin d’obtenir un produit cosmétique innovants, efficaces et respectueux de la peau. A la base de ce travail de formulation, le choix des ingrédients est la clé. Les consommateurs sont aujourd’hui de plus en plus demandeurs de transparence dans leurs cosmétiques utilisés quotidiennement. Pour faire ce choix crucial, le formulateur s’appuie sur plusieurs critères.
Critères liés aux référentiels de certification
Ils sont variables d’une région du monde à l’autre. Il existe en effet plusieurs définitions pour qualifier un ingrédient naturel ou d’origine naturelle. Certains référentiels publient des listes positives ou négatives d’ingrédients qui restreignent le panel d’ingrédients utilisables. Il est donc crucial de maîtriser ces définitions pour obtenir et maintenir la certification voulue. D’autant plus que ces textes évoluent au fil des ans et durcissent les règles sur l’origine des matières premières ou bien sur leur mode de transformation.
Critères liés aux enjeux écologiques
Les fournisseurs d’ingrédients innovent de jours en jours. Leur objectif est de proposer des ingrédients plus naturels, des procédés de transformation plus respectueux de l’environnement et des propriétés intrinsèques d’ingrédients. Ainsi, les fournisseurs se détournent des produits issus de la pétrochimie ou de la chimie de synthèse au profit de procédés plus « verts » et plus doux. On peut citer l’extraction au CO2 supercritique, à base de solvants naturels, les procédés de fermentation. Le but est de réduire la génération de co-produits, le nombre d’étapes de transformation et les consommations énergétiques.
Critères liés à la technicité
Parmi ce choix limité de matières premières, il est important de développer une connaissance approfondie de leurs diverses propriétés pour pouvoir adapter l’utilisation de certains ingrédients à différentes utilisations. Ces ingrédients sont dits multifonctionnels, c’est-à-dire qu’ils font bénéficier de leurs bienfaits à la fois à la formule et à la peau. Le romarin par exemple est une plante odorante. Elle parfume les formules, mais c’est aussi un puissant anti-oxydant, reconnus pour ses propriétés anti-âges. Dans le domaine des algues, le lithothamne (Lithothamnion calcareum) broyé sous forme de poudre ultrafine s’utilise comme poudre matifiante, comme poudre abrasive pour la formulation de dentifrices naturels ou comme agent absorbant. C’est également une source importante de minéraux (plus de 80% de sa composition).
Le choix des galéniques
La forme galénique d’un produit cosmétique correspond à l’aspect physique final du produit tel qu’il sera présenté au consommateur lors de son utilisation [1]. Il en existe de multiples formes et certaines sont plus propices que d’autres à la formulation d’un produit cosmétique naturel. Parmi elles, les formes solides et anhydres ont le vent en poupe pour plusieurs raisons :
- Elles permettent d’éviter un certain nombre de composés synthétiques indispensables à la stabilisation physique et microbiologique des formules classiques (tels que les conservateurs, les émulsionnants…). Ces deux contraintes sont liées à la très forte proportion d’eau dans ces formules. Contrairement, aux formules anhydres et solides qui se passent totalement ou presque.
- En réduisant le nombre d’ingrédients, elles permettent de développer des formules minimalistes et parfois versatiles (qui permettent plusieurs utilisations pour une même formule). Exemple avec les huiles végétales peuvent s’appliquer sur les cheveux, le corps et parfois un démaquillage en douceur. Le minimalisme est quant à lui de plus en plus plébiscité par les marques avec pour slogan sous-jacent : « un minimum d’ingrédient pour un maximum d’efficacité et de plaisir ». La liste des ingrédients est passé au crible fin pour ne garder que le strict nécessaire. C’est terminé les formulations longues et incompréhensibles ainsi que les ingrédients n’ayant aucun bénéfice pour la peau.
- Elles permettent de proposer des solutions rechargeables ou vendables en vrac. Cela limite le recours aux emballages. Poussé à l’extrême, les formes solides peuvent même totalement se passer d’emballage.
Le choix des process
Aujourd’hui, on fait attention à la composition et l’utilisation du produit cosmétique dans sa définition de naturalité. Mais la manière de le fabriquer n’en est pas moins importante !
- Si la mise en œuvre des matières le permet, le choix d’un process à froid permet de limiter le recours aux énergies. De plus, cela permet de préserver les qualités des ingrédients (dont les composés actifs sont souvent thermosensibles)
- La réduction du nombre d’ingrédient dans la formule entraîne fatalement une réduction des temps de process et des énergies consommées.
- Une planification judicieuse des productions peut permettre de réduire les temps de nettoyage des équipements et donc les consommations d’eau et de produits de nettoyage.
Pour conclure, l’aboutissement du développement d’un produit cosmétique naturel résulte donc d’un effort commun. Cela débute dès la chaine de création, en passant par l’approvisionnement et en terminant par la mise en production.
Source :
[1] Observatoire des cosmétiques : https://cosmeticobs.com/fr/articles/lexique-cosmetique-5/galenique-324